Construisons la transition

écologique et sociale

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écologique et sociale​

Intervention de C Bouton sur le Budget 2022, Conseil Municipal du 31 mars 2022

Madame Drai, chers collègues,
Nous vous remercions pour cette présentation de Budget qui est conforme aux propositions évoquées lors du débat d’orientation budgétaire. Nous avions exprimé nos grandes réserves au moment du Débat d’Orientation Budgétaire, regrettant le manque d’ambition climatique des investissements présentés. Malheureusement les événements récents prouvent, ô combien, la pertinence de nos critiques. En effet, depuis le DOB du 10 février 2022, 2 événements majeurs se sont produits :
le 24 février, l’armée russe a déclenché son offensive sur l’Ukraine
le 28 février, le GIEC a publié le deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation, consacré aux impacts, aux vulnérabilités et à l’adaptation à la crise climatique

  • Le 1er événement, c’est celui auquel nous assistons depuis 5 semaines en Ukraine, aux portes de l’Europe, cette guerre effroyable, cette guerre qui a déjà fait des milliers de morts, des milliers de blessés et des millions de déplacés. À travers l’Ukraine, c’est l’Europe démocratique qui est visée. Les démocraties occidentales sont unies dans leur soutien à l’Ukraine démocratique. Elles sont déterminées dans leur condamnation de l’agression et de l’usage de la force armée sur des civils. Elles se sont accordées sur des sanctions financières contre l’agresseur. Mais, en France, nous continuons de financer le régime de Vladimir Poutine en achetant du gaz et du pétrole russes. En engrangeant ces devises, Vladimir Poutine finance son effort de guerre. Et nous, en achetant le gaz et le pétrole russes, nous aidons Vladimir Poutine à financer sa sale guerre. Il nous faut donc sortir au plus vite de notre dépendance au pétrole et au gaz russes. Notre Ville a l’impératif moral d’agir à son échelle pour contribuer à enrayer la machine de guerre de Vladimir Poutine.
  • Les conclusions du second événement, le deuxième rapport du GIEC, sont sans équivoque : les conséquences du changement climatique, déjà ressenties partout sur le globe et pour certaines irréversibles, s’intensifient et s’intensifieront, y compris en contenant une hausse des températures en dessous d’1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Au-delà de la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes et de l’effondrement de la biodiversité sur l’ensemble du globe, la hausse de l’insécurité alimentaire et le difficile accès à l’eau vont s’accroître dans les années à venir partout dans le monde. Le nouveau rapport, rédigé par 270 scientifiques du monde entier, est inquiétant, il est même très inquiétant.

Madame Drai, mesdames, messieurs, mes collègues, élus de la République, vous devez faire l’effort d’aller y jeter un œil. Lire tout le rapport est ardu, concentrez-vous sur le chapitre 13 dédié à l’Europe. Vous y apprendrez que le réchauffement continue d’augmenter en Europe plus vite que la moyenne mondiale. Le GIEC identifie 4 risques-clefs pour l’Europe :

1. un risque-chaleur amenant mortalité et impacts sur les écosystèmes ;
2. un risque-sécheresse conduisant à des pertes agricoles ;
3. un risque de raréfaction de la ressource eau ;
4. un risque-inondation impactant les habitants, les économies et les infrastructures.

Les villes européennes seront affectées par de multiples risques : chaleur extrême, inondations et sécheresses affectant les ressources en eau, en énergie et les infrastructures de transport. (« hospots for multiple risks of increasing temperatures and extreme heat, floods,and droughts (high confidence) »). Les experts soulignent que presque partout en Europe les mesures d’adaptation existantes ou programmées ne sont pas suffisantes pour éviter les risques, surtout si le réchauffement dépasse les 1,5°C. Même si des actions d’adaptation se mettent en place en Europe, elles ne se développent ni à l’échelle nécessaire, ni à la profondeur nécessaire, ni à la vitesse nécessaire. Les experts du GIEC identifient comme barrière au changement les ressources limitées affectées aux solutions, le manque d’engagement des citoyens et du secteur privé, la mobilisation insuffisante de la finance, le manque de leadership politique et un bien faible sens de l’urgence des décideurs. Il n’est plus temps de tergiverser et de se retrancher derrière la volonté de ne pas mobiliser de financements pour être « vertueux » : c’est maintenant qu’il faut agir, à très court terme ! À toutes les échelles : à l’échelle locale et à l’échelle globale.

  • À l’échelle locale, il est temps de prendre conscience de notre dépendance énergétique et de se préparer aux conséquences de l’inaction climatique de vos précédents budgets. Cette prise de conscience aurait dû se traduire dans le Budget 2022 avec la mise en place d’actions à effet rapide et avec une accélération des investissements dans la transition verte. Si nous ne sommes pas capables de montrer cette inflexion dans nos budgets locaux alors c’est comme si notre collectivité disait aux Ukrainiens : « soyons honnêtes, nous n’envisageons pas de risquer d’avoir un peu moins chaud pour vous soutenir ». C’est aussi comme si, nous, élus, disions à nos enfants : « quand vous serez grands, vous aurez des étés suffocants, des inondations tous les 6 mois, des pluies toujours diluviennes, mais, nous aujourd’hui, nous avons d’autres priorités : nous devons installer des caméras de sécurité pour créer un sentiment de sécurité chez nos concitoyens ». « Sentiment de sécurité ressentie » versus « insécurité climatique garantie ». Chers enfants, qu’en dîtes-vous ? Cela fait longtemps que la hiérarchie des priorités aurait due être inversée, mais depuis cette funeste fin février, c’en est devenu criant ! Soyons à la hauteur de l’histoire et à la hauteur des espoirs de nos enfants : c’est un budget de combat qu’il aurait fallu adopter ce soir, un budget d’actions pour réduire nos dépendances et sécuriser l’avenir de nos enfants ! Investissons dans les politiques d’adaptation, cherchons des subventions partout pour les développer plus vite.

 

  • Pour aider les habitants à s’adapter, accompagnons-les concrètement. Aidons-les à mener des diagnostics avec la thermographie. La précarité et la vulnérabilité énergétiques gagnent du terrain : aidons les habitants à améliorer l’isolation thermique de leurs habitations avec des incitations financières. Aidons-les à installer des chauffe-eau solaires sur leurs toits ou bien des panneaux photovoltaïques. Aujourd’hui, cette technologie est mature et industrialisée : son coût a baissé de 90 % dans les 10 dernières années, et maintenant les panneaux se recyclent très bien. Invitons-les avec pédagogie à la sobriété énergétique. Puisque l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas, baissons nos thermostats et enfilons un pull en hiver. Tout cela contribuera au maintien des niveau de vie des saint-mauriens face à une hausse spectaculaire du coût des énergies fossiles. Pour les bâtiments municipaux, lançons la chasse au « gaspi » ! Ne dépassons pas la température de 19°C recommandée par l’ADEME à l’intérieur des bâtiments municipaux, accompagnons ce changement en communiquant auprès des agents et des administrés. Cherchons systématiquement les économies d’énergie. Donnons la priorité aux énergies renouvelables. Développons les réseaux de chaleur. Isolons efficacement les bâtis pour consommer moins : ne nous contentons de travaux partiels, procédons systématiquement à des rénovations thermiques avec des objectifs de performance. Accompagnons aussi les bailleurs sociaux sur le territoire communal pour les inciter à la rénovation… Installons des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments communaux. Accélérons la végétalisation de l’espace urbain pour lutter contre la hausse des températures. Luttons contre la pollution lumineuse : n’attendons pas le mois de novembre pour faire applique la loi sur l’éclairage des enseignes et des vitrines, vous savez cette loi qui date de 2013 ! Stoppons la prolifération de panneaux publicitaires rétroéclairés qui, chacun, absorbent la consommation électrique annuelle de 3 familles de 4 personnes. Menons une réelle politique de relocalisation des activités économiques. Cela limitera les déplacements contraints des habitants. Faisons réellement appliquer les 30 km/h dans la ville. Soutenons les services de mobilité douce et les acteurs de logistique du dernier km. Bref, cessons de considérer les ressources énergétiques comme infinies et quasi gratuites : l’heure est venue de revisiter nos certitudes énergétiques. Economisons l’énergie pour prouver notre solidarité aux Ukrainiens et apporter notre pierre à la paix et à la stabilité du continent européen.

 

Malheureusement nous ne voyons pas grand-chose de tout cela dans votre Budget. Vous préférez développer encore un plaidoyer autour de ce vous appelez la taxe SRU, et qui  est appelée partout ailleurs la pénalité SRU. Je ne vais revenir sur le sujet maintenant puisque je l’ai déjà évoqué au point 3. Je vais juste relever que la notice induit largement en erreur puisque vous présentez cette pénalité comme une taxe que l’État aurait unilatéralement décidé de multiplier par 5. Rappelons juste que pour arriver aux 7 M€ de 2022, il y a de nombreux manquements dans la gestion du logement social qui ont conduit à des sanctions qui d’’année en année se sont alourdies. Depuis 2015 les saint-mauriens auront payé à la fin de l’année 40M€ pour la pénalité SRU, 40 M€ qui nous font bien défaut aujourd’hui. Nous voterons donc contre ce Budget. L’an passé, je concluais mon intervention sur le budget en vous disant que chaque année de  retard dans les investissements serait plus coûteuse à rattraper. Vous le lirez aussi dans le rapport du GIEC : les experts soulignent que, de manière générale, le fait de retarder les politiques d’adaptation compromet leur efficacité et en augmente … le coût ! À méditer au moment de voter …

 

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